La machine du Diable !

Ohé les amis ! Je vous donne un peu de mes nouvelles robinesques ! Nous avons eu un hiver très dur et toute l'écurie tournait au ralenti. Il paraît qu'il va y avoir encore des gelées dès la semaine prochaine, mais on espère que les moins 10 et les moins 15 au thermomètre ne reviendront pas, car on a eu froid à la croupe, foi de Robin !

Heureusement mon humaine m'a couvert avec de chaudes couvertures car je suis un petit être fragile moi ! J'ai la peau fine des seigneurs douce comme du velours et je ne fais pas beaucoup de poils en hiver pour me protéger. Ma race a été sélectionnée depuis des décennies et nous vivons tous en boxes, bien à l'abri. Alors la mise au paddock, surtout la première année, mon petit corps tout fragile est pris au dépourvu et ne fait pas beaucoup de poils ! Avec le temps, peut-être l'année prochaine, Dame Nature devrait faire en sorte que la mémoire de mon être se souvienne avoir eu les fesses gelées pour solliciter mon corps d'athlète et ma mâle beauté afin qu'ils daignent faire un peu plus de "fourrure" car soyons clair, je me les suis gelées... (Je fais attention de m'exprimer de façon imagée car mon humaine me dit que je dois faire des efforts pour être bien élevé et ne pas dire des gros mots.... heuh de gros hennissements...)

Nous avons vu passer Noël où mon humaine m'a forcé à mettre un petit chapeau pour vous souhaiter de bonnes fêtes, mais bon, elle m'a rassurée en me disant que je n'étais pas trop ridicule et puis de toute manière tous les copains ont passé à la photo avec le petit chapeau rouge...

Mais je l'aime mon humaine, alors après avoir fait un peu de flamenco (une sorte de piaffer de résistance !) pour avoir l'honneur sauf, j'ai accepté le petit truc rouge entre mes deux oreilles... Pour lui faire plaisir à elle.

Nous avons passé la nouvelle année aussi tranquillement, bien trop occupés à se cacher dans les cabanes pour se protéger de la bise, de la neige, du brouillard givré... La Franche-Comté, pas facile en hiver !

Le matin toujours les mêmes habitudes. J'attends avec impatience Jean-Paul ou Daniel qui vient nous donner nos granulés (important ça les granulés !) et enlever nos crottins... Et puis voilà, qu'un beau matin alors que je somnolais, Jean-Paul est devenu un cavalier de l'Apocalypse.

Au lieu de la brouette habituelle, il est arrivé avec une machine du diable ! Qui ressemblait un peu au sulky qui m'a tant fait souffrir, qui se déplaçait sans bruit comme le sulky avec ce pauvre Jean-Paul dans les brancards. Jean-Paul avait l-air très satisfait pourtant... Mais malheureux, si on te mets au sulky Jean-Paul, tu vas souffrir comme j'ai souffert ! En plus le sulky vibre en silence et cette vibration je la connais bien.... La dernière fois que j'ai eu à la subir elle venait d'un bâton de punition, de coercition... Ils appelaient ça un bâton électrique. Car on me donnait de grands coups pour que je reste tranquille tandis que l'on m'attelait.... Je me tétanisais dans des spasmes douloureux, cela choquait tout mon être et ils me frappaient avec sur les naseaux, dans la bouche, sur mes antérieurs pour que je recule, sur les oreilles..... Quelle souffrance....

Ah Jean-Paul, Zaza, je ne veux pas que vous subissiez ça, je vais vous protéger, tant pis, j'attaque la machine du diable, à coup de dents, à coup de pieds, je cabre, je rue... Sauve-toi Jean-Paul ! Je vais lui faire la peau à la machine infernale...

Jean-Paul s'est enfui en courant ; en sortant du paddock il appelle "Sylvie, Sylviiiiiiieee !".

Oui, t'as raison Jean-Paul d'appeler mon humaine à moi ! Au secours mon humaine à moi ! Viens vite me protéger, moi, ton Robinou d'amour ! Oui, mon humaine elle va lui faire la peau à la machine infernale !

Tandis que je tiens en respect la machine infernale, Zaza, prudente s'est réfugiée dans la cabane... Enfin j'entends la voix de mon humaine : "C'est rien Robin, c'est rien, c'est la brouette électrique, le cadeau de Noël à Jean-Paul pour soulager son travail..."

Elle s'approche de moi, tandis que j'en tremble encore de tout mon corps.

- N'approche pas, mon humaine, la machine du diable va te faire du mal, je le sais elle vibre comme le bâton avec lequel on me torturait... !

- Mais non, Robin, me dit-elle doucement... Regarde....

Elle est folle elle s'assied sur la machine ! Puis elle vient vers moi et me met un licol et une longe...

- Viens, approche de la brouette, tu vois elle vibre mais elle ne donne pas de décharge électrique... C'est pas un sulky... Personne n'est en danger....

Moi je tremble toujours.... Elle tire doucement sur la longe, elle voudrait que j'aille renifler la machine du diable. J'hésite, faut que je me calme, je suis encore tétanisé par les mauvais souvenirs... Mais, elle m'a toujours protégé, elle ne m'a jamais tapé... Alors, je fais un pas puis l'autre... Jean-Paul revient aussi vers moi, mais avec prudence... On dirait qu'il a peur de moi... Mais non, Jean-Paul, moi je voulais te protéger.... "C'est rien" me dit-il aussi. Mon humaine se met à ma gauche, lui à ma droite et ils me caressent tous les deux...

Vrai, il n'y a vraiment pas de danger ? Ils me tiennent doucement mais je résiste encore. Mon humaine me demande d'avancer un peu, mais dans son ton, je sens bien que c'est un ordre. "Il faut avoir confiance Robin, il faut me faire confiance..."dit-elle cette fois ci avec sa voix claire qui cisaille le matin froid.

Je regarde mon humaine.... Oui, je choisis de te faire confiance et j'avance vers la machine. Je roue mon encolure et c'est vrai que rien ne se passe. Puis mon humaine met un bout de carotte sur la machine... Non sérieux ? La carotte est belle.... mais la machine !!!!!!

Finalement j'attrape la carotte aussi vite que je le peux et je l'avale presque tout rond... Bon c'est vrai, la machine n'a rien dit...

Je m'apaise un peu, mais la machine, je ne lui fais quand même pas confiance, hein... Là, c'est parce qu'il y avait mon humaine... Elle dit à Jean-Paul : "il va falloir être patient, en attendant, n'hésite pas à mettre Robin et Zaza dans les boxes de la grande écurie pour être tranquille... pendant que tu fais les paddocks.."

Me voilà rassuré, on nous met à l'abri dans les boxes et j'en profite pour faire un brin de causette avec le cheval d'à-côté que je ne connais pas, un nouveau venu de Janvier ! Salut, moi c'est Robin, suis dans les paddocks... Tu sais pas, y'a une machine du diable dans les paddocks... !